Pour en savoir plus- Bouge ton cul d'là, j'ai pas que ça à foutre.
- T'es toujours aussi charmant toi.
- T'as pas d'mandé à ce que je le sois.
- Tu t'barres déjà donc ?
- J'suis sensé retrouver ma meuf dans une heure.
Rosa et lui, c'est l'jour et la nuit.
Elle est trop douce pour lui.
Il est trop fou pour elle.
Et pourtant, c'est une affaire qui roule, depuis l'temps. Ils s'aiment, c'est indéniable. Parfois, pourtant, ça n'est pas aussi évident qu'il n'y paraît. Faut dire que l'môme a ses secrets. Non pas qu'il soit du genre à aller voir ailleurs, loin de là, mais à observer Pedro -
son frère -, allongé sur son canapé-lit d'fortune, il s'rend bien compte que ses amis n'ont pas en carte toutes les mains pour le comprendre.
- Tu lui as toujours rien dit n'est-ce pas ?
- Lui dire quoi ? Que ma famille possède la moitié de Barcelone ?
- Ce serait déjà un bon début.
- J'vois pas l'intérêt.
- C'est pas sensé être ta meuf ?
- T'es pas sensé être au cabinet toi ?
- Ta gueule.
C'est un choix, c'est le sien. Ses parents n'ont jamais particulièrement apprécié son caractère un peu
border et ont toujours eu le sentiment que leur fils cadet finirait par nuire à la réputation des
Balboar. Sans doute qu'inconsciemment, ils ont réussi à le lui faire ressentir puisqu'il avait rapidement d'mandé à ses parents d'le laisser partir pour Madrid pour y suivre ses études. Ils avaient accepté, bien content de voir l'gamin s'envoler et emporter avec lui les problèmes qu'il pouvait provoquer.
Les études obligatoires terminées, pourtant, Miguel avait insisté pour ne pas rentrer à la maison. Madrid l'avait accueilli, il s'y était inventé une nouvelle vie, un nouveau nom.
Un artiste, ça avait fait rire sa mère. Elle le voulait médecin,
a minima, ou avocat. Il avait refusé.
J'veux pas être comme Pedro, même s'il devait bien admettre qu'à fumer un joint avec son frère, il le trouvait pas si mal que ça. Ils avaient accepté, les parents, à une seule condition :
si tu ne veux pas entrer dans le rang, alors ne compte plus sur notre argent.Depuis, il vivait seul. Dans un appartement miteux.
Exit la fortune familiale, il avait refusé tout passe-droit pour se sentir libre.
D'toute façon, il s'était construit une autre vie, une autre famille. Les potes l'aimaient pour ce qu'il était, pas pour ce qu'il possédait. Tous ignorent de lui l'héritage et le nom.
C'est mieux comme ça, plus facile.
- T'es sûr de pas vouloir partir avec nous cet été ?
- Sûr.
- Tu vas faire quoi dans ce cas ?
- Ils m'ont proposé du camping.
- Du camping ?
- Si c'est pour te foutre de moi, ferme-là.
Pedro faisait souvent l'déplacement jusqu'à Madrid. Si les parents n'voulaient plus entendre parler du cadet, l'aîné, lui, avait une profonde affection pour son jeune frère.
Pedro réussissait, lui. Miguel, il intègrerait une école d'art à la rentrée. C'était pas extraordinaire mais c'est ce qu'il aime. La photographie, c'est son domaine d'expression, le dessin aussi.
En parallèle, il bosse parfois dans un supermarché, parfois derrière la caisse d'un cinéma ou alors dans un fast food. Il s'débrouille, comme il peut.
La liberté n's'achète pas et il compte bien en profiter. Et tant pis s'il ment, c'est comme ça depuis trop longtemps désormais.