finalement t'es venu (juanelio1)

Adelio était loin d'être patient. Il attendait Juan, le youtuber avec qui il avait échangé. Sa colère sourde résonnait encore en lui. Son frère l'avait trahi, sa famille le trahissait et il détestait tout le monde. Alors bien sûr, pour oublier, il avait fait n'importe quoi, jusqu'à boire à l'excès et ne plus se souvenir de messages qu'il aurait pu envoyer.

Adelio était au camping désormais, il était calme, loin de tout ceux qui lui voulaient du mal. Il espérait qu'une chose, être pris à l'école des arts de la scène de Madrid et dire adieux au droit, qui ne l'intéressait guère. Il avait pris droit pour faire plaisir à ses parents mais il n'avait jamais rien eu en retour. A part de la méprise et de la colère.

Et là, il se baladait, enfin il allait à la plage seul, dans l'espoir que Juan n'était pas un mirage et un faux espoir. En fait, il ne savait plus très bien où il en était. Mais l'avait-il seulement déjà su ? Ses compositions personnelles étaient aussi brouillon que son esprit. Et il n'avait pas envie de craquer maintenant. Bien que l'alcool l'appelait de manière desespérée. Mais il arriverait à se retenir. Pour au moins faire bonne impression. Il fallait qu'il sorte son autre visage, du petit con arrogant. Et enfuir son désespoir, au plus profond pour ne pas y avoir à faire face.

Il s'assit sur la plage et contempla la mer. Mais au fond de lui, il ne la regardait pas, il attendait, fébrile.

Première journée au sein du Campfire. L’palpitant qui s’agite à l’idée de le rencontrer une bonne fois pour toute, en chaire et en os. Il sait pourtant à quel point c’est risqué, Juan, de s’attacher de nouveau. Qu’personne n’est identique à l’image que l’on renvoie sur le net. Et pourtant, il ose y croire. Voilà bien longtemps qu’il a pas laissé d’chance à l’amour et même si ça foire, qu’a-t-il à perdre au final ? Ils ne se sont rien promis. Rien dit. Ils se sont simplement proposés un été tranquille, loin des leurs. Et dans l’fond, Juan, ça lui fait un bien fou d’être loin des siens, d’être loin de ce travail d’acharné qu’il exerce pour proposer du contenu toujours plus incroyable. Si beaucoup se moque du métier de YouTuber, Juan sait ô combien il faut savoir se dépasser et puiser dans son imagination débordante pour trouver de nouvelles choses. Des choses qui donnent envie. Qui lui permettent de gagner assez d’argent pour être tranquille, pour ne pas avoir à s’retrouver enfermer entre quatre murs dans un bureau ennuyant à mourir.

Il a rapidement posé ses affaires à l’intérieur de son bungalow sans prendre le temps de faire le tour du propriétaire. Pas l’temps pour ces conneries. Il a deux mois pour profiter de l’intérieur de ce petit toit qu’il a payé en une seule fois pour les soixante-et-un jours de location. Retirant rapidement son haut pour n’être que torse nu, Juan enfile un bob sur son crâne après avoir remis un peu de crème solaire sur ses tatouages. Il est temps pour lui d’rejoindre Adelio sur la plage. Ils ne s’étaient pas vraiment donné d’heure. Seulement qu’ils s’y trouveraient pour le début d’après midi. Alors, p’t’être qu’avec un peu d’chance, il tombera sur le beau brun aux yeux clairs.

Mais moites. D’puis combien d’temps il s’est pas senti aussi con ? Aussi inquiet ? Lui qui d’habitude bombe fièrement le torse en allant draguer tous les beaux gosses de Barcelone, le voilà bien démunit face à une âme lui ayant complètement retourné l’myocarde. Finalement, Juan sort son téléphone portable, appelant Adelio dans l’unique but de le trouver plus facilement. Repoussant ses lunettes de soleil sur le haut de son nez, le tatoué explore les alentours d’un regard doux. Il apprécie le calme régnant ici en ce début de saison. L’endroit risque de se remplir à mesure que les touristes arriveront, mais ça ne sera que plus festif. « Eh. J’suis sur la plage, t’es caché où ? » Pas un bonjour qui résonne. L’impatience parle pour lui alors qu’il scrute l’horizon.